L'histoire de l'Ontario français en 106 mots...

 

Le Droit

Publié le 01 juin 2015 à 09h52 | Mis à jour le 01 juin 2015 à 09h52 

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Justine Mercier

 

Cent six mots. C'est la longueur moyenne des textes qu'ont rédigés une cinquantaine d'élèves francophones d'Ottawa lorsqu'on leur a demandé de résumer, en une heure, l'histoire de l'Ontario. Au terme de cette recherche exploratoire, le professeur de l'Université d'Ottawa (Ud'O) Stéphane Lévesque a fait le constat que les élèves interrogés «ont une vision du passé qui s'avère poreuse», et que le tiers d'entre eux ont présenté des récits contenant de «graves lacunes». 

 

Le professeur Stéphane Lévesque, en collaboration avec Jean-Philippe Croteau et Raphaël Gani, a voulu savoir à quel point le concept de l'Ontario français était présent dans «la conscience historique» des jeunes francophones, et l'impact de leur conception sur leur appartenance identitaire. Les résultats de cette recherche exploratoire seront présentés ce lundi, dans le cadre de la 84e édition du Congrès des sciences humaines, dont l'Ud'O est l'hôte cette année. 


Cinquante-huit élèves de 11e et 12e année provenant de deux écoles secondaires d'Ottawa ont participé à l'étude, tout comme 18 futurs enseignants francophones. Évidemment, les récits historiques rédigés par les universitaires étaient plus «riches et détaillés». Mais dans les deux groupes, la question des luttes est ressortie, note Stéphane Lévesque.


Chez les élèves du secondaire, qui n'avaient pas accès à Internet ou à des documents pour raconter dans leurs mots l'histoire de l'Ontario, plusieurs types de réponses ont été observés. Ils ont rédigé des textes contenant en moyenne 106 mots, comparativement à près de 500 pour les étudiants universitaires. «Il y a un tiers des jeunes du secondaire qui éprouvent de graves lacunes à mettre en récit l'histoire de l'Ontario et des francophones», a constaté M. Lévesque.


La recherche demandait aussi aux élèves de définir, à l'aide de cercles concentriques, leur degré d'appartenance aux communautés canadienne, ontarienne et franco-ontarienne. Une analyse qui a permis à Stéphane Lévesque de s'apercevoir que «l'identité affecte la façon de produire le récit historique».


Dans tous les cas, plusieurs mots-clés revenaient souvent: «français», «francophones», «Ottawa», «les Anglais», donne en exemple M. Lévesque. «Mais ce qu'on a découvert, c'est que plus les jeunes se sont identifiés fortement à la communauté franco-ontarienne, plus il y a certains mots qui ressortaient, comme 'lutte', 'nous autres', 'école', 'Montfort'», relate M. Lévesque. À l'inverse, les élèves qui s'identifiaient le moins à la communauté franco-ontarienne utilisaient davantage des termes «neutres», note le professeur, tels qu'«Ontario», «Ottawa» ou «capitale».


Stéphane Lévesque aimerait bien étendre sa recherche ailleurs en Ontario, afin d'obtenir des résultats à partir d'un plus grand échantillon. En parallèle, il note que le seul cours existant sur l'Ontario français au secondaire n'est pas obligatoire, et qu'il n'est pas offert dans toutes les écoles des conseils scolaires francophones.